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Muuuz : Quand je vous ai rencontrée, j’ai découvert des peintures, des sculptures, des vidéos, des photographies, où il est toujours question de matières. Pouvez-vous nous parler un peu de votre pratique éclectique ?
Alexia Chevrollier : Mon travail peut être défini par la notion de mouvement. Il n’est pas figé dans le temps ni dans une seule et même pratique. Je refuse de répondre à une technicité car je privilégie les matériaux. J’aime me définir comme une metteuse en scène de matières plutôt que comme une artiste plasticienne. Dans mes œuvres, je mets en scène les matières comme un metteur en scène dirige les corps. Je cherche toujours à révéler toutes les qualités des matériaux.

Pour décrire votre processus de création, vous parlez d’une « déréalisation de la matière ». Qu’est-ce que cela signifie ?
J’emploie l’expression « déréalisation de la matière » pour décrire mon travail autour de la rouille, qui est à la fois pictural et sculptural. Quand on est sculpteur, on utilise souvent des matériaux qui doivent être pérennes, car il y a une notion d’élévation et de construction. À partir de ce constat, je me suis demandée comment un matériau robuste comme le métal pouvait s’exprimer autrement, et j’ai choisi de déconstruire les propriétés mêmes de la matière en la rendant liquide. La « déréalisation de la matière » permet ainsi de détourner la robustesse première du métal.

Comment sont nées vos peintures qui « déréalisent la matière » ?
Mon désir de « déréaliser de la matière » vient de plusieurs cheminements de pensée. L’idée est d’abord d’inverser la qualité propre d’un matériau. Mais il y a aussi une part de hasard. Un jour, les jus d’oxyde de fer que je conservais dans des boîtes métalliques ont attaqué leurs contenants et se sont répandus sur le sol de mon atelier. J’ai alors pris des feuilles et des chutes de toile pour éponger le liquide. Les œuvres issues de cet événement fortuit sont à la fois métalliques et organiques. J’ai depuis développé cette pratique de peinture de rouille. Je me suis aussi inspirée des usines abandonnées. J’aime pouvoir imaginer les vies antérieures d’un lieu. Le métal est très présent dans les anciennes usines, des casiers aux tableaux électriques. Dans les usines en friche, on observe souvent des coulures de rouille qui évoquent le passage du temps. Mes peintures réalisées avec du jus de rouille sont des faux-semblants d’acier Corten, un acier auto-patiné utilisé par l’artiste Richard Serra dans ses sculptures, mais elles ne sont pas vraiment des peintures. Ce sont des œuvres de sculptrice plutôt que de peintre. Elles évoluent car elles s’oxydent en fonction de la teneur en oxygène et du taux d’humidité du lieu. Ces toiles réagissent constamment avec leur environnement, ce qui les rapproche encore une fois de la sculpture. À l’inverse, dans mon travail de jus de rouille sur toile libre, on s’éloigne des toiles de métal semblables à des plaques d’acier Corten. J’aime peindre ces toiles désincarnées par terre dans mon atelier. En les peignant au sol, je ne mets pas de distance entre mon corps et la toile. Une fois que la toile est sèche, je la mets en scène en la pendant au mur, ou en la plaçant sur des barres métalliques. J’aime inscrire le sol de mon atelier dans ma toile. L’atelier est le lieu caché de l’artiste, le support de toutes ses erreurs et de toutes ses réussites. Je laisse une empreinte, celle de mon atelier, mais aussi toutes celles des ouvriers et des artistes qui ont travaillé dans ce lieu avant moi. J’aime évoquer les histoires des espaces vécus dans mes peintures.



Dans votre œuvre, l’artisan occupe une place centrale. Pouvez-vous nous expliquez votre démarche ?
L’artisan occupe effectivement une place très importante dans mon œuvre. Je suis fascinée par les artisans. Je valorise la collaboration avec l’artisan car je refuse d’être commanditaire d’un savoir-faire. Je suis plus intéressée par la réaction de la matière que par le geste de l’artisan. Lorsque je travaille avec un artisan, je lui demande de sortir de son savoir-faire contrôlé en l’emmenant vers des positions d’inconfort. Je deviens alors « chorégraphe » de sa gestuelle.

Que signifie pour vous ce travail collectif ?
Ce travail collectif est très important pour moi. Je ne prétends pas apprendre un nouveau savoir-faire. J’ai envie d’être surprise et de rester assez naïve devant une matière. J’aime conduire l’artisan vers un terrain qu’il ne connaît pas, une situation qu’il ne maîtrise pas. J’ose espérer que mon intervention marque aussi les artisans.

Quelle relation entretenez-vous avec les artisans avec lesquels vous collaborez ? Les considérez-vous comme des artistes ?
L’artisan n’est pas à mon service. Nous sommes tous les deux au service de la matière. J’aime le hasard de la rencontre avec chaque artisan. Par exemple, quand j’ai commencé à travailler avec le maître verrier Stéphane Pelletier de l’Atelier Gamil, il y a tout de suite eu une complicité. J’ai d’ailleurs réalisé de nombreuses œuvres avec lui, notamment Souffle, Soulèvement, The Breath of fountain, Entropie et Lulu. Une relation de confiance doit exister entre l’artisan et moi pour que la collaboration soit possible. Tout l’enjeu de mon film Contre Taylor sur le travail d’un maître charbonnier est de montrer le passage de la construction à la déconstruction de la matière à travers le geste de l’artisan.
Je pense que la différence entre l’artisan et l’artiste se cristallise autour de la sphère marchande. L’artiste est autant producteur que l’artisan, mais l’artiste est sans doute un mauvais artisan. L’artiste contemporain explore souvent différents médiums mais il ne les maîtrise pas forcément, tandis que l’artisan connaît et maîtrise très bien un seul savoir-faire. Certains artisans ont marqué durablement mon parcours.

Pourquoi les matières vous fascinent-elles ?
Les matières racontent des histoires. J’entretiens un relation très sincère avec elles. En 2017, j’ai réalisé Condition (structure), une sculpture éphémère constituée d’une structure en bois de charpente sur laquelle était posée une petite sculpture en terre crue. Je joue ici sur l’équilibre entre la robustesse des éléments en bois et la petite sculpture en terre cuite, mais je m’intéresse surtout aux histoires de ces matériaux. Les fragments de charpente utilisés dans mon œuvre avaient été récupérés par une architecte dans une veille maison pour construire un escalier. L’architecte m’a prêté ces fragments de bois le temps de mon exposition personnelle « La fabrique des possibles. Paysages crus » à la Chapelle du Carmel de Chalon-sur-Saône en 2017. En mettant en scène ces morceaux de bois, je dialogue avec les matières.

Certaines de vos œuvres sont immersives, d’autres s’inscrivent dans l’espace. Que souhaitez-vous provoquer chez le regardeur ?
Je cherche toujours à parler au regardeur. Dans ma dernière exposition personnelle « À force égale » au CRAC de Champigny-sur-Marne en 2019, j’ai choisi de créer un jeu entre extérieur et intérieur pour intégrer le visiteur à l’espace. Je prends toujours en compte le corps du spectateur. L’œuvre fonctionne en elle-même, mais le spectateur a son importance dans la logique de l’œuvre. Avec le temps, mes sculptures et mes peintures évoluent. Si le visiteur vient se confronter plusieurs fois à mes œuvres, il peut découvrir les transformations visibles de mes travaux, des « inframouvements » perceptibles dans le temps. Le regardeur se situe au centre de ma pratique. Dans mes œuvres, je viens contrarier la vitesse et le rendement qui nous sont imposés par la société capitaliste en confrontant le spectateur au rythme de la matière. Je l’invite en effet à se questionner. Tant mieux si le spectateur s’ennuie devant mes œuvres car ce hors-temps lui permet d’accéder à un autre monde. Aujourd’hui, prendre le temps est devenu un acte de résistance car chaque minute est rentabilisée.

Dans un texte récent, vous racontez déjà l’impact du confinement sur votre travail. Pouvez-vous nous en parler ?
La crise sanitaire actuelle causée par le Covid-19 m’a permis de mettre à l’épreuve ma pratique artistique. Avec ce printemps 2020, l’humanité est obligée de se mettre en pause, et peut alors choisir de se reconnecter à des activités essentielles. Durant le confinement, j’ai décidé de réfléchir sur la création post-confinement. Comment créer après la crise sanitaire ? Comment s’adapter à la situation actuelle ? J’ai imaginé un espace avec plusieurs œuvres, que les visiteurs peuvent caresser. Ce projet en devenir serait à la fois une invitation à recréer du lien et une invitation à produire une installation collective. Chaque visiteur pourrait venir modifier mes créations et introduire sa propre énergie. J’aimerais produire des œuvres interrelationnelles, et conférer ainsi à mon travail une dimension collective. Cette installation serait mon appel à sortir de l’individualité.

Pour en savoir plus, visitez le site de l’artiste Alexia Chevrollier.

Photographies : Portait, vues des expositions « À force égale » et« La fabrique des possibles. Paysages crus » © Nicolas Briet, Vue de l’atelier © Marie Docher, Extrait de la vidéo Contre Taylor, 2014-2017, film, 1h45 min © Alexia Chevrollier.

Léa Pagnier



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