À l'est de Paris, le Château de Rentilly (77), tout d'inox et miroir revêtu, accueille jusqu'au 10 février 2019 l'exposition « L ». Pour « L » ? Tout simplement parce que le nom des artistes présentés commence par cette lettre ! Un choix littéral qui a le mérite de permettre la présentation d'œuvres du frac île-de-france pas ou peu montrées au public, et surtout jamais ensemble.

En 2011, la Communauté d'Agglomérations de Marne et Gondoire, en lien avec le ministère de la Culture et le frac île-de-france (Fonds régional d'art contemporain), lance un concours pour la rénovation du Château de Rentilly. Si l'on imagine une demeure de conte de fée, il n'en est rien. L'édifice, issu de plusieurs reconstructions successives (plus ou moins hasardeuses) depuis le XVIe siècle, n'avait que peu de valeur patrimoniale. Le maître d'ouvrage a ainsi demandé à des équipes constituées d'architectes et d'artistes de donner une nouvelle vie au bâtiment, marquée par l'originalité cette fois-ci. L'agence Bona - Lemercier, associée au plasticien Xavier Veilhan et au scénographe Alexis Bertrand, remporte la compétition avec une proposition culottée, à mille lieux des pastiches opérés auparavant, qui consiste à envelopper intégralement la réalisation d'après-guerre d'une double-peau en inox et miroir sans tain. Une traduction littérale du Palais des glaces.
Si la forme subsiste, l'hôtel particulier d'origine n'est plus qu'une coquille vide divisée en trois niveau : un sous-sol et deux plateaux d'exposition, surmontés par une toiture accessible. Cachez ce château que je ne saurais voir...

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Cet écrin reflétant un jardin à l'anglaise et à la française accueillera à partir de demain l'exposition « L ». Tous les artistes du fonds du frac – 1 642 pièces au total –, dont le nom commence par cette 9e consonne de l'alphabet y seront donc exposés – exceptés dépôts lointain, réalisations fragiles ou hors format. « Un principe qui coupe court aux logiques habituelles de choix des thématiques et qui permet de confronter des œuvres qui n'ont à priori rien à faire ensemble, alors qu'elles sont ensemble, dans la même collection », résume Xavier Franceschi, commissaire de l'événement et directeur du frac île-de-france. Pourquoi le choix du L ? Le hasard d'un tirage au sort 2.0, tout simplement.
L'occasion par ailleurs de confronter différents médiums – sculptures, vidéos, peintures, etc. –, figuratifs comme abstraits, sous l'observance stricte d'une règle : la présentation dans l'ordre alphabétique des toiles et diverses installations. Neige à Arceuil (1956) de Jacques René Lagrange est une reproduction picturale d'influence cubiste de la vue de l'atelier de l'artiste. Plus loin, Bertrand Lavier superpose des objets issus de la production en série tels que le siège Tongue de Pierre Paulin et le meuble Planokind, et en parodie d'autres comme le siège Panton du designer éponyme. Au-dessus, au premier niveau, deux toupies géantes de Fabrice Langlade prennent place, détournement à l'échelle XXL de cet objet enfantin, posées à côté d'un des « Meubles sculptures » de Ken Lum, des canapés arrondis accolés face à face, rendant impossible toute utilisation. Derrière cette juxtaposition absurde : une critique de la société de consommation.
En somme, une manière de balayer le champ artistique de la lettre L de A à Z.

« L », du 22 septembre 2018 au 10 février 2019, au Château de Rentilly, Bussy-Saint-Martin (77)

Pour en savoir plus, visitez le site du frac île-de-France

Crédits :
01) Ken Lum, Sans titre, 2002 © Ken Lum
02) Le Château de Rentilly © Bona-Lemercier/Alexis Bertrand/Xavier Veilhan (ADAGP, Paris, 2018) Photo Martin Argyroglo / Montage Margaux Simonetti
03) Jacques René Lagrange, Neige à Arcueil, 1956 © Adagp, Paris, 2018. Photo : Georges Poncet7
04) Fabrice Langlade, ZZZT (profil lièvre), 2000-2001 © Adagp, Paris, 2018. Photo : Jacqueline Hyde
05) Bertrand Lavier, Paulin/Planokind, 1992 © Adagp, Paris, 2018. Photo : Jacqueline Hyde
06) Bertrand Lavier, Siège modifié Panton/Eames et Siège modifié Bertoia/Eames, 2001© Adagp, Paris, 2018



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