Symptôme de la crise du logement des années 1960, la Cité des 4000 de La Courneuve (93) est rapidement devenue l'un des points sensibles de Seine-Saint-Denis, entre délaissement politique, violence et délabrement ; un constat qui aura attendu près de 50 avant d'être remis en question maladroitement avec la destruction de la barre Balzac en 2011. C'est dans ce contexte complexe qu'interviennent aujourd'hui les équipes de JTB.architecture et MaO architectes en proposant la construction de 71 logements sociaux.

Théâtre du film Deux ou trois choses que j'ai d'elle de Jean-Luc Godard (1967), la vie au sein de la Cité des 4000 n'a rien d'une comédie. Mis sous le feu des projecteurs en 2005, lors de l'intervention de Nicolas Sarkozy promettant de « nettoyer la cité au Kärcher » suite au décès d'un petit garçon de 11 ans par balle perdue, les 4000 voient la rénovation lentement entamée en 1986 s'accélérer, laissant pourtant un goût amer à ses habitants qui continuent de ressentir un abandon de la part des politiques.

La destruction graduelle des bâtiments s'engage en 2004, rapidement remplacée par de plus petites barres HLM, certes, mais toujours aussi hermétiques. Le bâtiment Balzac, épicentre des 4000 qui comptait 307 logements, fut détruit en 2011, suite à la difficulté éprouvée par la mairie à reloger ses locataires, qui ne fait qu'accroitre le sentiment de délaissement de ces derniers.

C'est dans ce contexte pour le moins tendu que débute le projet de JTB.architecture et MaO architectes qui expliquent que « construire sur le domaine de la Cité de 4000 ne pouvait être entrepris sans une analyse détaillée des attentes communautaires, culturelles, économiques, urbaines et architecturales. Cela devrait éviter les échecs existants liés aux développements passés qui ne tiennent pas compte du paysage potentiel et de son appropriation par les résidents ». Une approche qui se traduit par la disposition spatiale du nouvel ensemble, où tout est pensé pour que les résidents puissent s'approprier leur nouvel espace de vie, et non l'inverse.

Sur une surface habitable de 4 615 mètres carrés, différentes typologies de logements cohabitent. Les appartements campent sur les deux angles opposés de la parcelle tandis que les maisons occupent les deux autres, créant ainsi des jeux d'échelles, accentués par les traitements de façades alternant bois, pierre et béton blanc. Cette disposition permet de libérer de l'espace en cœur d'ilot, offrant ainsi la possibilité d'y insérer un jardin maraîcher d'environ 150 mètres carrés délimité par les locaux techniques qui régulent également les circulations. L'accès au centre se fait par un pont central au traitement en brique moucharabieh, desservant tous les bâtiments.
Le même traitement est offert aux garde-corps des balcons sur rue des immeubles allant jusqu'à R+5, filtrant la lumière élégamment et appuyant le tournant « horizontal » du quartier, une manière de trancher une bonne fois pour toute avec les anciennes tours. Reliant les logements collectifs entre eux, des maisons de ville – organisées en duplex –, sont bardées de mélèze et viennent réchauffer l'avenue Henri Barbusse.

L'ouverture d'un nouveau chapitre semble se dessiner pour les habitants de La Courneuve.

Intitulé du projet : 71 logements sociaux
Lieu : La Courneuve (93)
Maîtrise d'ouvrage : Plaine Commune Habitat / Batiplaine 
Maîtrise d'œuvre : JTB architecture, MAO architectes
Surface : 4 855 m²
Montant des travaux : 8,5M € HT
Calendrier : Livraison 2019

Pour en savoir plus, visitez le site de JTB.architecture et MaO architectes

Photographies : Luc Boegly



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