La plasticienne argentine Marta Minujin, figure emblématique du pop-art sud-américain, installe, dans le cadre de la dOCUMENTA 14, dernière édition de la célèbre quinquennale d'art contemporain, une réplique du Parthénon d'Athènes constituée de livres censurés et brûlés par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale.

Tous les cinq ans, dOCUMENTA explore les méandres de l'art contemporain et moderne à Kassel (Allemagne), ainsi que dans des métropoles partenaires du monde entier. Après le thème « Effondrement et Reconstruction » en 2013, la quatorzième dOCUMENTA tente d'établir des liens entre les autodafés qui ont eu lieu dans le parc Friedrichsplatz à Kassel en 1903 et Athènes (Grèce), ville partenaire de cette édition. L'installation s'inspire d'une ancienne réalisation érigée par l'artiste à Buenos Aires (Argentine) en 1983, composée d'écrits interdits pendant la dictature militaire argentine.

Le choix de la figure du Parthénon fait référence au rapport ambigu qu'entretenaient les nazis avec l'art. Malgré les buchés littéraires des travaux d'auteurs juifs, marxistes, pacifistes ou dits « dégénérés » qu'il a organisés, Hitler n'en restait pas moins un amateur d'art et surtout un grand admirateur des styles picturaux et architecturaux antiques.

Reprenant la fascination du Führer pour les édifices grecs, Marta Minuji reproduit le célèbre Parthénon d'Athènes en grandeur nature – soit 70 mètres de long sur 31 mètres de large et 10 mètres de haut –, en remplaçant ses colonnes de marbre par une structure métallique supportant des milliers de livres ayant été victimes de la censure, que ce soit au sein de ce régime ou d'un autre. On y retrouve par exemple Le Premier Cercle d'Alexandre Soljenitsyne, Les Versets sataniques de Salman Rushdie ou encore la Bible. Une liste de 70 000 ouvrages a été dressée au préalable par une vingtaine d'étudiants de l'Université de Kassel. Elle répertorie des écrits datant aussi bien de la Réforme protestante que de l'Apartheid sud-africain. Seuls 170 recueils – les plus surprenants ou les plus percutants –, ont été retenus par la plasticienne et leurs diverses éditions, édifiant ainsi un monument de 100 000 volumes. À la fin de l'évènement, les spectateurs seront invités à récupérer les copies de ces ouvrages un jour controversés.

L'artiste, qui qualifie elle-même cette installation comme étant « la plus politique de ses œuvres », effectue un travail de mémoire rendant hommage aux intellectuels persécutés et offre à la ville allemande une chance de retrouver sa dignité volée par les actions nazies dont elle a été victime.

Pour en savoir plus, visitez le site de Marta Minuji

Photographies : Roman Maerz



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