Si vous ne voyez pas tout de suite Liu Bolin en pénétrant dans l'enceinte de la Maison européenne de la photographie à Paris (4e), ne vous affolez pas. Loin de présenter de simples clichés de paysage, l'exposition Ghost Stories capture des performances de l'artiste chinois, roi du camouflage. Un « Où est Charlie ? » esthétique et politique.

Le titre de l'exhibition de la MEP fait référence à la technique caractéristique des travaux du plasticien. Placé devant un décor jamais choisi au hasard, Liu Bolin se fait grossièrement peindre dessus, visage compris, jusqu'à disparaître, comme happé par le lieu devant lequel il posait. Une métaphore de la société de l'Empire du Milieu dont il dénonce la volonté d'homogénéisation du peuple jusqu'à le désindividualiser complètement.

À travers une rétrospective rassemblant un corpus étalé sur 10 ans de carrière, Ghost Stories retrace l'engagement et les grands combats menés par l'artiste grâce à ses happening et ses photographies. Apparaissent ainsi quatre catégories de champs d'action : « Tradition et culture chinoise » ; « Politique et censure » ; « Société de consommation » et « Information, médias et liberté de la presse ».

« J'ai décidé de me fondre dans l'environnement. Certains diront que je disparais dans le paysage ; je dirais pour ma part que c'est l'environnement qui s'empare de moi. » Liu Bolin, plasticien

Une protestation silencieuse, qui n'en est pourtant pas moins puissante, dans laquelle l'architecture et le paysage urbain tiennent une place prépondérante. Sa série, Hiding in the City (commencée en 2007 et toujours incomplète à ce jour), illustre ce lien fort entre environnement et performance. Un des premiers travaux de cette collection consiste par exemple à se tenir devant un graffiti gouvernemental clamant « Unifier la pensée pour promouvoir l'éducation », symbole ultime de l'intervention du régime sur les murs de la villes et sur l'esprit du peuple. Il posera par la suite devant un portrait géant de Mao, la Cité Interdite ou encore une décharge publique au Bengladesh. Des sites lourds de sens qui absorbent non seulement Liu Bolin, mais également toute la société, sans même que celle-ci ne s'en rende compte.

À ceux qui criaient « Liu es-tu ? », même camouflé, l'artiste est plus présent que jamais.

Ghost Stories, jusqu'au 29 octobre à la Maison européenne de la photographie de Paris (4e).

Pour en savoir plus, visitez le site de Liu Bolin

Photographies : Liu Bolin



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